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ACADIE Histoire de l'Acadie. |
Aux origines de l'Acadie : le nom Acadia ou Arcadia est généralement attribué à l'explorateur italien Giovanni da Verrazzano (1485-1528) qui explora le littoral nord-américain au début du XVIe siècle. Deux sources possibles expliquent le choix de ce nom. Certains prétendent que le nom vient des Amérindiens que Verrazzano rencontra lors de son voyage et qui répétaient souvent le mot quoddy ou cadie pour désigner le lieu qui les entourait. Une autre hypothèse veut, qu'impressionné par la beauté de l'endroit, l'explorateur ait pu se croire en Arcadie de l'ancienne Grèce, genre de paradis terrestre de l'Antiquité. Au cours des décennies suivantes, Acadia fut le nom donné à la terre qui comprenait tout le territoire depuis le New Jersey actuel jusqu'en Nouvelle-Ecosse. En 1548, le nom Larcadia apparait pour la première fois sur une carte de Giacomo Gastaldi qui la situait près du Cap Cod au Massachusetts. Le nom Acadia apparaît plus tard sur une carte de 1566 du cartographe italien, Bolognino Zalttieri, à l'emplacement de la Nouvelle-Ecosse actuelle. En 1575, André Thevet, changea le nom de nouveau en Arcadie. Les premiers colons en Acadie : au dédut de la colonisation acadienne, le souci majeur des deux premières générations fut la survie dans un environnement hostile. Les Acadiens subvenaient à leurs besoins en grande partie par la culture du sol, le commerce et la pêche. Ces activités ne pouvaient à peine soutenir un mode de vie sain et plusieurs d'entre eux succombèrent à des maladies telles que le scorbut, la grippe ou l'insuffisance alimentaire. Les générations subséquentes furent absorbées par la vie familiale, l'autosubsistance et la religion catholique, trois piliers de leur société rustique. La majorité des Acadiens du XVIIIe siècle vivaient de l'agriculture. Les terres fertiles de la vallée d'Annapolis produisaient de bonnes récoltes, mais le défrichement de ces terres exigeait un lourd travail à la limite les ressources physiques des colons. Ils ont donc développé un système ingénieux pour assécher les marais salants. Les Acadiens construisaient des aboiteaux dont la fonction principale était d'empêcher l'inondation des prés par les grandes marées tout en permettant l'écoulement de la pluie accumulée sur ces "terres basses". Après un lavage de quelques années par la pluie et la fonte de la neige au printemps, le marais déssalé devenait terre arable et donnait de riches récoltes. Le système des aboiteaux et des digues demandait beaucoup d'entretien et les travaux de construction et de réparation dépendaient de la communauté. Cette coopération entre les différentes familles était nécessaire. Au XVIIIe siècle, le taux de natalité chez les Acadiens était assez élevé. Cette période de l'histoire acadienne (1713 - 1748) est connue comme étant l'âge d'or. La communauté acadienne se rapprochait par les liens du mariage. Les Acadiens ont bâti une communauté où chaque membre pouvait facilement se lier à plusieurs de ses voisins. Leur attachement à la foi catholique et leur grand respect pour les membres du clergé furent sans conteste des caractéristiques marquantes de cette société tout au long du XIXe siècle. Les anneés 1755 à 1763 furent une période tragique pour les Acadiens, les autorités britanniques de Halifax décidèrent de renforcer les lois de banissement et d'exile de tous les Acadiens. Ces gens ont été dépossèdés de tous leurs droits et transportés sur des navires surchargés vers des destinations inconnues. Cet événement traumatisant marquera profondément le peuple acadien et les conséquenses furent longtemps ressenties. Après la chute de Beauséjour au printemps de 1755, les événements conduisant à la déportation progressèrent à un rythme accéléré. Les instances britanniques refusèrent aux Acadiens l'utilisation de leurs armes, de leurs embarcations, et en septembre 1755, la déportation commença. Le lieutenant-colonel John Winslow réunit le 05 septembre, les hommes de la région dans l'église de Grand-Pré pour leur lire l'Edit de la déportation :
Les promesses faites aux Acadiens qu'ils pourraient amener certaines affaires et que des familles entières s'embarqueraient sur le même navire furent mensongères. Pour Lawrence, le but majeur était de vider la colonie de sa population franco-catholique, peu importe les conséquences sur les victimes. Dans une lettre adressée au colonel Robert Monckton, Lawrence fait preuve de son indifférence quant au sort des Acadiens :
Après la déportation, les ordres de Lawrence étaient de brûler les maisons et de s'emparer du bétail. Les Acadiens qui s'étaient réfugiés dans les bois n'eurent aucun accès à des sources d'approvisionnement et dûrent se livrer aux Britanniques. Aujourd'hui, le site de la déportation à Grand-Pré est marqué d'une croix commémorative. Il est estimé que dix à douze mille Acadiens furent déportés, emprisonnés ou tués. Pour ceux qui se sont échappés, les conséquences furent graves. La violence sordide de Winslow fait froid dans le dos :
Des Acadiens du Cap-Sable furent faits prisonniers durant des razzias britanniques en 1756, 1758 et 1759. Ils furent déportés soit à Boston, soit en France. Après la chute de Louisbourg en 1758, 3 500 Acadiens furent déportés de l'Isle Saint-Jean (aujourd'hui Ile-du-Prince-Edouard) vers la France. Sept cents d'entre-eux périrent en mer. En 1762, les plans de déporter un groupe d'Acadiens vers le Massachusetts échoua quand les autorités de cette colonie refusèrent aux exilés de débarquer. Ils furent retournés en Nouvelle-Ecosse et cet événement fut un facteur dans la décision de cesser les déportations. La victoire des britanniques à Louisbourg en 1758 et la capitulation du Québec l'année suivante marqua la fin du régime français au Canada. Le Traité de Paris en 1763 entérina ces victoires, la France ne gardant que les îles de Saint-Pierre et Miquelon. Après 1764, les Acadiens exilés ainsi que ceux faits prisonniers en Nouvelle-Ecosse reçurent la permission de recoloniser la province s'ils juraient l'allégeance et s'ils s'établissaient en petits groupes dispersés. La perte de leurs anciennes terres données aux colons de la Nouvelle-Angleterre venus après 1760 à l'invitation de la Couronne britannique, obligea les Acadiens à occuper les régions côtières de la Nouvelle-Ecosse. C'est à l'occasion de leur IIe Convention Nationale, tenue a Miscouche sur l'Ile-du-Prince-Edouard en 1884, que les Acadiens des provinces maritimes ont choisi leur drapeau et leur hymne nationaux. Ils ont adopté les trois couleurs du drapeau français afin de démontrer qu'ils n'oubliaient pas de quel pays étaient venus leurs ancêtres. Ce qui distingue le drapeau acadien de celui de la France est une étoile "Figure de Marie", placée dans la partie bleue du pavillon, car la couleur bleue est celle de la Vierge Marie. L'étoile du drapeau porte la couleur papale en signe de l'attachement inébranlable des Acadiens à l'Eglise Catholique Romaine. En 1984, les Acadiens ont célébré le 100e anniversaire de l'événement qui, pour eux, symbolise leur émergence en tant que peuple. L'identité acadienne demeure donc encore profondément touchée par les événements autour de la déportation. Par contre, il y a beaucoup plus que ce fait tragique. Nombreux sont les facteurs de l'identité acadienne qui avaient de l'importance jadis et qui en ont encore aujourd'hui. Durant l'âge d'or (1713 à 1748), les Acadiens avaient cultivé une indépendance remarquable. Ils attachèrent une fierté farouche à leur langue française, leur foi à l'Eglise Catholique Romaine, leur culture et leur travail. Plusieurs de ces éléments d'identité sont appréciés autant de nos jours que dans le passé. |
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