HISTOIRE DU POITOU-CHARENTES Richard Coeur-de-Lion - Le Comte de Poitou. |
Richard Coeur-de-Lion, Roi d'Angleterre de 1189 à 1199, Duc d’Aquitaine, Comte de Poitou, Comte du Maine et Comte d’Anjou, est né le 8 septembre 1157 au palais de Beaumont à Oxford (Angleterre). Mort le 6 avril 1199 lors du siège de Châlus (France). Fils de Henri II d'Angleterre ou Plantagenêt, et d'Aliénor de Poitou, Richard est élevé à la cour de sa mère, à Poitiers. Richard devient l'héritier du Comté de Poitou à l’âge de onze ans. Après la mort de son frère aîné, il devient l'héritier de la couronne d’Angleterre, mais aussi de l’Anjou, la Normandie et du Maine. Pendant son règne, il ne passera que quelques mois dans le royaume d'Angleterre et utilisera toutes ses ressources pour partir en croisade. Il défendra ses territoires français contre le roi de France Philippe Auguste. Ces territoires, pour lesquels il avait prêté allégeance à Philippe, constituaient la plus grande partie de son héritage Plantagenêt. Avant d’être roi d’Angleterre, Richard fut donc un prince du continent, surtout désireux d’entrer dans la légende par de hauts faits d’armes. Les Anglais l'appellent Richard Ier, les Français Richard Cœur-de-Lion, ou Oc-et-No et les Sarrasins Melek-Ric. En arabe, son nom était utilisé pour effrayer les enfants : « Le roi Richard viendra te chercher si tu ne fais pas attention ! ». En son temps, il fut considéré comme un héros et a souvent été décrit comme tel dans la littérature. Il fut le père d'un enfant naturel : Philippe de Cognac (Philippe Faulconbridge). |
L'enfance de Richard le Poitevin : Troisième fils d'Henri II Plantagenêt, Richard n'est pas destiné à lui succéder. Il est cependant le fils préféré de sa mère et, lorsque ses parents se séparent, il devient héritier à la couronne du Poitou en 1168. |
Pendant ce temps, son frère aîné, Geoffroy, duc de Bretagne, est couronné comme successeur de son père. Richard était très éduqué, capable de composer de la poésie en français et en occitan. Il était également doté d'un physique exceptionnel, mesurant plus d'un mètre quatre-vingt-dix, et excellait dans les activités militaires. Dès son jeune âge, il paraissait également doué pour les activités politiques, et fut remarqué pour son courage et son tempérament chevaleresque. Il a été capable, par toutes ses qualités, de contrôler les nobles remuants de ses territoires. |
La bannière des premiers Comtes de Poitou, enregistrée dans les rôles d'armes "comites pictauorum", porte un lion rouge. |
Révolte contre Henri II : à l'instar des autres enfants légitimes d'Henri II, Richard montra peu de respect pour son père et manquait de clairvoyance à long terme ainsi que du sens des responsabilités. En 1170, son frère Henri le Jeune Roi est couronné roi d'Angleterre comme Henri III. Il est ainsi dénommé pour le différencier d’Henri III, le futur roi d'Angleterre, qui était leur neveu. En 1173, Richard rejoint ses frères Geoffroy de Bretagne et Henri III dans leur révolte contre leur père. Déjà dotés des titres par leur père, ils espèrent le remplacer effectivement au pouvoir, Richard étant poussé en cela par leur mère. Henri II envahit l'Aquitaine deux fois, et à dix-sept ans, Richard est le dernier de ses frères à lui tenir tête. Finalement, il refuse un combat face-à-face et lui demande humblement son pardon. En 1174, Richard renouvelle ses vœux de soumission à son père. Après son échec, Richard s’occupe à mater les nobles mécontents d'Aquitaine, spécialement en Gascogne. Richard se fait une affreuse réputation de cruauté, plus de nombreuses accusations de viols et de meurtres. Les rebelles espèrent détrôner Richard et appellent ses frères a l'aide. Henri II a peur que cette guerre entre ses trois fils ne conduise à la destruction de son royaume, et lance son armée à son aide. Le 11 juin 1183, Henri III le Jeune Roi meurt, et Richard est toujours sur son trône. Richard avait une raison majeure de s'opposer à son père : Henri II avait pris comme maîtresse la princesse Alix, fille du roi Louis VII, alors qu'elle était promise à Richard. Cela rendait aux yeux de l'Eglise le mariage avec Richard techniquement impossible. Mais Henri, voulant éviter un incident diplomatique, ne confessa pas son erreur de conduite. Quant à Richard, il ne voulait pas renoncer à Alice, sœur de Philippe. |
Couronnement : la mort de son frère Henri laisse Richard comme le fils le plus âgé et l'héritier naturel quand le vieux roi mourrait. Cependant, les intentions du Roi Henri n'étaient pas claires. Quand Geoffroy meurt aussi, Richard reste la seule option réaliste, son frère cadet Jean étant trop jeune et inexpérimenté. Richard fut alors considéré héritier des trônes d'Angleterre, de Normandie et d'Anjou. En 1188, Henri II projette de faire de Jean Sans Terre -en réalité le futur roi Jean d'Angleterre- l'héritier de la couronne d'Aquitaine. Pour s'y opposer, Richard s'allie avec Philippe II Auguste, en échange de sa reconnaissance de vassalité pour la Normandie et l'Anjou, et lui rend hommage en novembre 1188.
|
Préparatifs des croisades : Richard se préoccupera apparemment très peu du sort de l'Angleterre. Il semble qu'il voulait s'engager dans de multiples aventures, et être célébré par les troubadours, que son nom soit immortalisé et avoir sa place au Ciel. Il est manifeste qu'il avait des aspirations spirituelles intenses, et afin de mériter de prendre la croix, il jure de renoncer à ses mauvaises conduites passées. Richard fut donc très absent de son royaume d'Angleterre, préférant se consacrer à ses possessions poitevines et aux croisades en Terre Sainte. Il avait grandi sur le continent, et n'avait jamais même cherché à apprendre la langue anglaise. Peu après son accession au trône, il décida de se joindre à la 3e croisade, inspiré par la perte de Jérusalem, prise par Saladin. Mais, craignant que le roi Philippe n'usurpe ses territoires en son absence, il le persuada de se joindre a lui. Les deux rois prirent la croix le même jour.
|
La Sicile : en septembre 1190, Richard et Philippe arrivent en Sicile. En 1189 le roi Guillaume II de Sicile avait disparu. Son héritière était sa tante Constance, future reine Constance Ire de Sicile, qui était mariée à l'empereur Henri VI. Mais immédiatement après la mort de Guillaume, son cousin Tancrède se rebella, prit contrôle de l'île et fut couronné début 1190 roi Tancrède Ier de Sicile. Il était préféré par le peuple et par le pape, mais était en conflit avec les nobles de l'île. L'arrivée de Richard causa des problèmes supplémentaires. Tancrède avait emprisonné la veuve de Guillaume, la reine Jeanne, qui était la sœur de Richard. Richard réclame la libération de sa sœur et que lui soit remis son héritage. Pendant ce temps, la présence de deux armées étrangères causait des troubles parmi la population. En octobre, la population de Messine se révolte, demandant que les étrangers quittent l'île. Richard attaque Messine et la prend le 4 octobre 1190. Après l'avoir pillée et brûlée, Richard y établit son camp. Il y reste jusqu'en mars 1191, quand Tancrède accepte finalement de signer un traité. Celui-ci fut signé en mars, par Richard, Philippe et Tancrède. En voici les termes :
Durant avril, Richard stoppe sur l'île byzantine de Rhodes pour éviter une tempête. Il la quitte en mai, mais une nouvelle tempête amène sa flotte à Chypre. Le 6 mai 1191, la flotte de Richard arrive dans le port de Lemesos (maintenant Limassol), et Richard capture la ville. Lorsque le despote de l'île, Isaac Dukas Comnenus arrive pour stopper les croisés, il découvre qu'il est trop tard, et il se retire à Kolossi. Richard fait appeler Isaac pour négocier mais celui-ci rompt son serment d'hospitalité et réclame le départ de Richard. Celui-ci se lance alors avec sa cavalerie contre l'armée d’Isaac à Tremetusia. Les quelques catholiques romains de l'île se joignirent à Richard, ainsi que les nobles de l'île, en révolte contre les sept années subies sous le joug tyrannique d'Isaac. Bien qu'Isaac se défendit bravement, l'armée de Richard était plus importante et mieux équipée, lui assurant la victoire. Isaac continue la résistance à partir des châteaux de Pentadactylos. Après le siège de son château de Kantaras, il se rend finalement, et Richard devient le nouveau maître de Chypre. Il pilla l'île et massacra ceux qui tentaient de lui résister. Pendant ce temps, la promise de Richard, Bérangère de Navarre, première-née du roi Sanche VI de Navarre, l'avait enfin rejoint sur sa route vers la Terre Sainte. Leur mariage est célébré à Limassol, le 12 mai 1191. La sœur de Richard, Jeanne, qui l'avait suivi depuis la Sicile, assiste à la cérémonie. Le mariage ne donnera pas d'héritier. |
La Croisade : Richard, et presque toute son armée, quittent Chypre pour la Terre Sainte au début de juin. En son absence Chypre devait être gouvernée par Richard Kamvill. Richard arrive à Acre en juin 1191, à temps pour mettre fin au siège de la ville par Saladin. Déserté par Philippe, seul avec le duc Léopold V d'Autriche, il se retrouve soudainement sans alliés. Les tactiques de Richard assurent son succès au siège d'Acre. Les hommes de Saladin se révélèrent incapables d'harasser l'armée des Croisés. Cependant, la désertion du roi français fut un coup majeur, duquel ils ne pouvaient pas se relever. Réalisant qu'il n'aurait aucune chance de conserver Jérusalem s'il prenait la cité, Richard sonne la retraite. Bien que se trouvant à seulement quelques kilomètres de la ville sainte, il refusera d'y poser les yeux, car Dieu, disait-il, avait décidé qu'il ne serait pas celui qui la conquerrait. Plus tard, il réalise que son retour ne peut plus être repoussé : Philippe et Jean utilisent son absence pour étendre leur pouvoir sur ses terres. Il décide de laisser Conrad de Montferrat comme roi de Jérusalem et Chypre entre les mains de son protégé, Guy de Lusignan. Conrad est assassiné juste avant son couronnement, il est remplacé par le neveu de Richard, Henri II de Champagne.
|
Retour en Angleterre : pendant son absence, son frère Jean a essayé de conquérir le trône d'Angleterre. A son retour, Richard lui pardonne, et le désigne même comme son héritier au détriment d'Arthur. Une fois de plus il se repend de ses péchés, à l’occasion d’un second couronnement. Il repart en Normandie combattre Philippe, qui poursuit la stratégie française d'affaiblir l'empire angevin. Il ne retournera jamais en Angleterre. Durant plusieurs années de guerre, il parvient à redresser la situation et à défendre efficacement la Normandie. Il fait construire Château-Gaillard près des Andelys, sur la rive droite de la Seine. Cependant, le pape lui impose une trêve qui profitera à Philippe Auguste. |
La fin du Lion : Richard meurt le 6 avril 1199 des conséquences d'un carreau reçu durant le siège du château de son vassal de Châlus en Limousin. Il est enterré près de ses parents en l’abbaye de Fontevrault près de Chinon, mais ses entrailles sont déposées à Châlus, où elles sont toujours conservées. Son cœur repose à Rouen, capitale de la Normandie. Il est dit qu’il convoqua Pierre Basile, l'arbalétrier qui lui avait décoché le trait fatal, et fut tellement impressionné par le refus de l’homme de se soumettre, qu'il lui pardonna.
Il se souciait peu de sa propre sécurité : la blessure qui eut raison de lui n’aurait pas dû avoir lieu s’il avait été correctement protégé par une armure, et ensuite son infection aurait pu être évitée. Pratiquement le même accident s’était déjà produit dix ans auparavant, lorsque, combattant contre son père, il avait rencontré, désarmé, Guillaume le Maréchal, et avait dû supplier pour avoir la vie sauve. L’existence de Richard fut une série de contradictions. Bien qu’ayant négligé sa femme et que les prêtres devaient lui rappeler de lui être fidèle, il fut affecté par la nouvelle de sa mort. Jean succède à Richard sur le trône d’Angleterre. La légende de Robin des bois se situe traditionnellement durant le règne de Richard Ier. Cependant, la seule certitude sur Robin Hood est qu’il vécut au XIIe au XIIIe siècle. Ce fut bien plus tard qu’on établit un lien entre les deux hommes, en expliquant que le but poursuivi par Robin était de restaurer Richard sur le trône alors que le prince Jean l’avait usurpé. retour. Bibliographie : |
Index | France | Poitou-Charentes | Histoire du Poitou - Richard le Poitevin dit Coeur-de-Lion. |