Poitou-Charentes

HISTOIRE DU POITOU-CHARENTES

La Révolution française - Les Guerres de Vendée.


Les origines : après l'euphorie de 1790, les premières difficultés à appliquer la politique des compromis voulue par la Constituante, apparaissent dans la région. Le mécontentement populaire, les espoirs déçus et la multiplication des résistances au nouveau régime conduisent à une multitude d'affrontements isolés.

Une première distinction peut être faite entre le Poitou et les terres intérieures de la Charente, qui elles restent très républicaines, alors que le Poitou se caractérise déjà par une résistence passive (à l'exception de la plaine vendéenne et de la région niortaise, qui fournissent à eux seuls, quasiment la totalité des volontaires républicains de ces deux départements). Les premiers mécontentements trouvent leurs origines tout simplement dans le prix du pain et la misère qui gagne les campagnes. Pendant deux années, de 1790 à 1792, les Poitevins devront faire face à une sévère crise de subsistance, due à la dévaluation de l'assignat. Une autre source de mécontentement vient des nouveaux impôts qui remplacent les anciens. La pression des impôts figurait sur tous les cahiers de doléances, ce que le député Mercier du Rocher ne manquera pas de faire remarquer. Le mécontentement est encore nourri par les violentes persécutions religieuses, barbares et arbitraires. Parallèlement au mécontentement populaire, il existe dans la région un courant contre-révolutionnaire organisé autour des députés de la noblesse. La Coalition de Poitou, derriere le marquis Pérusse d'Escars, espérait soulever les garnisons de Poitiers et de La Rochelle. Le projet s'effondre en 1791.

 

Mais ce qui va cristalliser les mécontentements et créer une faille dans la région, c'est le serment d'allégeance que doivent donner les ecclésiastiques au nouveau régime, à partir de janvier 1791. Le choix des prêtres est révélateur de l'opinion politique locale, même si ce sont les prêtres qui créent l'opinion politique dans les villages.

La carte de la région fait apparaître nettement deux blocs : au sud (Saintonge intérieure, Angoumois et Mellois) 80% de prêtres jureurs, au nord 80% de prêtres non-jureurs. Entre les deux une large bande hésistante.

C'est à partir de là, que les fissures vont devenir des fractures, et qu'apparaissent les véritables résistances à la Révolution. L'affaire du serment allume de multiples et graves brûlots et entraine des réactions souvent violentes des fidèles venus défendre les curés réfractaires.

Les autorités décident alors de les remplacer par des curés constitutionnels. Les installations des "intrus" se font dans la violence et par la force des Gardes Nationaux. Plus qu'une attaque contre la religion, ces mesures sont ressenties comme une agression majeure contre la culture communautaire. A partir de là, on comprend de mieux en mieux la flambée d'incidents, d'émeutes puis de graves insurrections qui secouent le Bocage deux-sèvrien et vendéen. Les émeutes viennent des paroisses rurales, puis s'étendent au pays et sont dirigées contre la ville voisine, les administrateurs, la Garde Nationale et autres représentants de l'ordre révolutionnaire.

Les premiers incidents sérieux ont lieu dans le Haut-Bocage, dans le district de Châtillon-sur-Sèvre (Mauléon) et autour du marais nord-vendéen. En 1792, une grande révolte de 5 000 paysans bocains contre Bressuire est réprimée et fait entre 400 et 500 morts. Fin 1792, le pouvoir révolutionnaire décide la radicalisation de sa politique, entrainant expulsions et arrestations des prêtres réfractaires, descentes violentes des Gardes Nationaux dans les villages, qui ne font que durcir les résistances. C'est le tourbillon de la spirale infernale de haine, d'incompréhension mutuelle, d'intolérance et de violence.

A partir de mars 1793, la région entre Loire et Gironde entre dans l'oeil du cyclone. La levée de 300 000 hommes pour alimenter les rangs de l'armée, organisée dans la précipitation, touchant tous les foyers, constitue un nouveau choc sévère. Un bourgeois de Saintes, Marillet, aura une formule prémonitoire : "Voilà le moment de la grande crise arrivé".


La guerre : le ressentiment gagne donc de plus en plus le pays. Des groupes hostiles aux tirages au sort menacent les autorités. En mars 1793, à Poitiers, un rassemblement de conscrits tourne à l'émeute, où 600 jeunes gens tentent de prendre le palais de Justice d'assault. L'agitation gagne dans la Vienne, mais l'intervention rapide de la Garde Nationale et la violence des répressions (dont neuf condamnations à morts expéditives) vont rapidement ramener au calme cette partie de la région.

A la même période, dans les départements de Loire-Inférieure, de Vendée, des Deux-Sèvres et de Maine-et-Loire, des bandes paysannes de plusieurs milliers d'hommes convergent vers les petites villes s'en prenant aux administrations et leur représentants. A St-Florent-le-Viel, 3 000 jeunes gens envahissent la ville. Mars 1793, envoi de plusieurs pétitions vendéennes réclamant le respect des principes de 1789. Les bandes inorganisées vont progressivement se regrouper et se doter d'un encadrement dont Bonchamps, Cathelineau, Charette, Stofflet en sont les plus célèbres représentants. L'insurrection prend une autre tournure. Marais et Bocage, la Vendée Militaire se prête à la guerre d'embuscades. Les bandes insurgées mettent en déroute la colonne de 2 000 hommes du général Marcé, à Pont-Charrault (La Guérinière) le 19 mars.

 
Carte des Guerres de Vendée

La zone insurgée est vidée des gardes et des représentants de l'Etat. Rapidement le mouvement fait tâche d'huile. C'est une véritable armée d'une dizaine de milliers d'hommes qui va attaquer les Sables-d'Olonne fin mars. Enhardis par les premiers succès, les troupes insurgées gagnent Noirmoutier, Parthenay, Thouars, Loudun, Chinon, Saumur et Angers. En mai, les nobles forment l'Armée catholique et Royale. Pour se concilier les paysans, ils nomment Cathelineau général en chef. 40 000 hommes se portent alors sur Nantes où Cathelineau trouvera la mort. Découragées, les paysans se replient vers le bocage, mais ne désarment pas. Le choc du printemps est brutal. L'irruption soudaine de la Guerre traumatise littéralement la région.

Dans les zones périphériques, témoins des conséquences des affrontements (violence des combats, massacres, retour des blessés...), c'est la peur qui domine, entrainant parfois des linchages épidermiques de prêtres réfractaires, boucs émissaires de cette violence.

La Convention envoie l'armée de Mayence, avec Kleber en tête, sur Nantes.

Le 01 août 1793, la Convention décide de détruire la Vendée et de déporter les vieillards, les femmes et les enfants.

La Vendée devient le "creuset où s'èpure la population nationale" ! Avant d'être ce creuset d'épuration, la Vendée Militaire, c'est environ 400 communes qui participent plus ou moins activement à la guerre, dans une zone limitée au nord par la Loire, à l'est par le Layon et le Thouet, au sud par le Lay et à l'ouest par l'océan.

 
Carte des Guerres de Vendée

Dans cette zone se trouvent les quatres noyaux durs de l'insurrection (ou "sanctuaires blancs"), des Mauges, du marais nord-vendéen, du Haut-Bocage et du Bressuirais (triangle Châtillon - Argenton - Bressuire).

Le pays est ravagé. Les insurgés sont repoussés vers la Loire. Le 17 octobre 1793, 40 000 insurgés sont battus à Cholet, et décident de franchir la Loire. Le nouveau général en chef, Henri de la Rochejaquelin, s'oppose au franchissement, mais en vain. 60 000 personnes dont la moitié sont des civils, traversent la Loire. C'est le début de la Virée de Galerne. Les troupes remontent vers le nord, complètement affaiblies, et échouent devant Granville. Le 04 novembre 1793, Turreau est affecté à l'armée de l'ouest, dont il reçoit le commandement en chef.

 

Le 16 novembre 1793, 90 prêtres sont noyés à Nantes. Le 06 décembre, Carrier prévient le Comité de Salut Public qu'une nouvelle noyade de 53 prêtres va avoir lieu. Carrier annonce au Comité de Salut Public qu'il va donner l'ordre d'achever d'incendier la Vendée et d'en tuer tous les habitants. Carrier fait noyer 129 prisonniers de droit-commun en attente de jugements. Carrier ordonne de guillotiner sans jugement 24 Vendéens, dont plusieurs femmes et enfants. De nouvelles noyades sont ordonnées, de 360 victimes la première, les suivantes en feront 5 000, toutes exécutées sans jugement. Le 23 décembre ce qui reste de l'armée insurgée, lors de son retour de Galerne, est écrasé dans les marais de Savenay.


 

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